Les orages et la foudre en montagne

Tous ceux qui l'ont vécu vous le diront : se retrouver dans un orage en pleine montagne est souvent une expérience terrifiante. Tous les phénomènes (pluie, neige, foudre) sont amplifiés et les risques d'accidents augmentent considérablement. Les cas de foudroiement sont rares en France, mais peuvent être mortels. Il vaut donc mieux éviter les orages en montagne dans la mesure du possible, et sinon connaître le comportement à avoir pour éviter les risques de foudroiements.

Je tiens à préciser que ne suis pas météorologue, et l'article qui suit n'est pas exhaustif. J'emploie aussi le terme "la foudre qui tombe" alors que ce n'est pas exactement le cas, mais c'est l'expression couramment employée.

1. Eviter de se retrouver dans un orage

Avant de partir

Regarder les prévisions météo. Les bulletins sont disponibles sur le site Météo France. Si vous n'avez pas internet à disposition (en trek par exemple) consultez les bulletins Météofrance au 3250* (*prix d'un appel: 1,35 € TTC par appel puis 0,34 € TTC par minute).

Le site http://alerte.vigilance-meteo.fr/orage.html donne les alertes d'orage (on trouve aussi les alertes pluies, neige et tempêtes).

Jetez un coup d'oeil aux webcams disponibles sur le site, puis mettez la tête dehors pour observer le ciel et guetter des signes annonciateurs d'un changement de temps.

Un peu d'anticipation

Prenez l'habitude de partir le plus tôt possible le matin pour revenir tôt. Généralement, les orages d'été éclatent plutôt en fin d'après midi.

Une fois en marche, continuez à observer le ciel pour détecter des signes pré orageux. Si vous doutez, pensez aux possibilités de repli et à l'éventualité de faire demi-tour. Dans le cas où ce n'est pas possible, il faut prendre la précaution de ne pas s'exposer aux endroits ou il sera difficile de se protéger. Par exemple, si vous pensez que l'orage peut arriver dans les prochaines minutes et que la suite de votre itinéraire se déroule sur une arête ou une crête, arrêtez vous et restez à l'abri le temps que le danger soit passé, ou changez d'itinéraire.

2. Signes annonciateurs d'orages : nuages et phénomènes

Quelques notions de météorologie : reconnaître les nuages à l'origine des orages

Résumé des types de nuages, tiré du site Météo France
Résumé des types de nuages, tiré du site Météo France

La première chose dont il faut être capable, c'est de savoir reconnaître les nuages pré-orageux : c'est le signe qu'il peut y avoir des orages plus tard dans la journée même si ce n'est pas tout le temps le cas. Ce sont les cumulus. Il existe plusieurs formes de cumulus et ils peuvent rapidement évoluer.

Les premiers cumulus à repérer sont les cumulus humilis. Il a un aspect bourgeonnant qui lui donne des allures de choux-fleur, et ses contours sont plutôt bien définis. Ils ne sont pas forcément annonciateurs de mauvais temps, surtout quand ils sont épars dans le ciel : on parle de cumulus de beau temps. Mais il faut surveiller leurs évolutions vers d'autres formes de cumulus plus menaçants  : les cumulus mediocris et les cumulus congestus.

Les cumulus humilis augmentent en nombre et s'étendent verticalement en forme de tour : on parle de cumulus mediocris.

Si l'extension verticale augmente encore, et qu'on remarque un contraste de plus en plus fort entre la base qui devient sombre et le flanc du nuage qui est blanc, on parle de cumulus congestus. C'est la dernière étape de l'évolution du cumulus, et il y a des risques de voir apparaître des nuages de précipitations et orageux : les cumulonimbus.

Les cumulonimbus atteignent une extension verticale maximale et le nuage prends une forme d'enclume : le sommet s'élargit. Il pleut déjà, où il va pleuvoir rapidement, et les risques d'orages deviennent très importants. Prenez les précautions nécessaires avant de voir ce type de nuage se former.

Etapes d'évolution d'un cumulus en cumulonimbus orageux

Etape 1 : Cumulus humilis
Etape 1 : Cumulus humilis isolé. (par Glg)
Etape 2 : Cumulus mediocris
Etape 2 : Cumulus mediocris
Etape 3 : Cumulus congestus
Etape 3 : Cumulus congestus.
On retrouve les formes caractéristiques d'enclumes des cumulonimbus à gauche et droite. (photo taken by Glg) [CC BY-SA 2.0 de ()],
Cumulonimbus avec leurs formes caractéristiques d'enclumes. (par JPS68)

Signes annonciateurs de la foudre à court terme

On observe des cumulonimbus et le ciel s'assombrit rapidement. De fortes bourrasques de vent se sont peut être levées mais se sont arrêtés d'un coup. L'orage est là.

Les signes suivant ont été vécus et décrits par les randonneurs qui ont eu déjà eu une expérience d'orage en montagne. Ils indiquent que la foudre va tomber de manière imminente et proche, vous devriez déjà être à l'abri.

  • L'air se met à vibrer, de plus en plus fort. On peut entendre un bruit strident.
  • On entends des bourdonnements, d'abord comme si quelques abeilles tournaient autour, puis de plus en plus fort comme un essaim.
  • On peut avoir la sensation d'avoir les cheveux tirés en arrière.

Si vous observez un de ces 3 signes, j'espère que vous avez déjà fais le nécessaire et que vous êtes protégés du mieux possible, sinon déguerpissez en vitesse et adoptez les consignes de sécurités données dans le paragraphe suivant.

3. Comment se comporter en cas d'orage

Signes pré orageux

Vous commencez à entendre le tonnerre gronder, ce qui veut dire que l'orage est à moins de 10 km, donc tout proche, les conditions deviennent dangereuses. A ce point là vous devriez avoir revêtu vos vêtements de pluie depuis longtemps. Il est possible de savoir si l'orage se rapproche en comptant le nombre de secondes qui s'écoulent entre l'éclair et le bruit de la foudre. Si au prochain éclair, ce temps diminue, l'orage se rapproche et il faut faire vite.

La première règle est de ne pas paniquer, et de ne pas courir. Les accidents sont plus nombreux lors de chutes dues à la précipitation et la panique que lors de foudroiements. Ensuite veillez à adopter ces gestes dans l'ordre de priorité et suivant le cas :

  1. Essayez de perdre le maximum de dénivelé possible, si l'orage est encore assez loin, pour vous mettre à l'abri. Vous serez moins exposés à la foudre.
  2. Choisir les lieux les moins exposés : s'éloigner des sommets, des crêtes, des arêtes, et éviter d'être le seul élément en hauteur sur un plateau. Evitez de vous abriter sous un arbre isolé qui est un élément de choix pour la foudre. Il ne faut pas se coller à une face rocheuse, ne pas se mettre sous les surplombs, et évitez les grottes, surtout leurs entrées. Préferez les points de dépression, les vallées, les points bas dominés par des points plus hauts autour. S'éloigner de tous ruissellements et points d'eau. Si vous êtes en forêt, descendez au plus bas dans la foret (sans vous mettre à la lisière) et restez sous des arbres bas et espacés. S'assurer d'être à l'abri de chutes de rochers ou d'arbres au cas ou la foudre s'abattrait sur l'un deux.
  3. Eloignez vous les uns des autres si vous êtes en groupe, d'une part car un groupe de plusieurs personnes est une cible privilégiée pour la foudre, et d'autre part si une personne est foudroyée les autres pourront lui porter secours.
  4. Débarrassez vous de vos objets pointus et/ou métalliques, qui sont des chemins faciles pour la foudre. Les laisser à plusieurs dizaines de mètres à l'écart, en repérant l'endroit où vous les entreposez, bien évidemment.
  5. S'abriter et s'isoler du sol avec un objet, de préférence sec. Si vous avez un matelas mousse c'est parfait, sinon un s'asseoir sur son sac, sur une corde, n'importe quoi qui peut vous isoler du sol. Evitez les couvertures de survie.
  6. Adopter la position suivante : accroupi à pieds joints sur votre matériel servant d'isolation, en boule (la tête sur les genoux), les mains sur les oreilles. Cette positions minimise les risques de foudroiement.



4. Que faire en cas d'accident ?

La première chose à faire et d'aller auprès de la personne touchée et d'appeller les secours au numéro d'urgence qui est le 112. Expliquez clairement et briévement ce qu'il s'est passé et suivez les consignes qu'on vous donnera.

Suivant le cas, et si la personne est inconsciente, il est possible que vous deviez entamer un massage cardiaque et un bouche à bouche. Les bases de secourisme sont toujours utiles !

5. S'il ne fallait retenir qu'un seul conseil

Ce serait d'éviter absolument d'aller en montagne lors de prévisions orageuses ou si un doute subsiste sur le temps qui s'annonce. C'est le conseil le plus simple à appliquer et le plus efficace !

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3 Commentaires
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philippe guerard

Un des phénomènes avertisseurs est aussi la présence de lueurs bleuâtres , et mouvantes; sur les aspérités, accompagnées d'un crépitement sec ressemblant au bruit des lignes haute tension, cela est signe d'un coup de foudre imminent! Une des conséquences (par expérience) d'un coup très proche est un barotraumatisme des oreilles, endommageant le tympan. Et aussi l'électrisation par induction provoquant de violentes crampes dans les jambes. expérience vécue dans la Montagne Noire. Une astuce pour détecter l'arrivée d'un orage : se procurer un petit transistor léger avec gamme GO; si vous avez un doute sur la meteo, allumez le en GO… Lire la suite »

philippe guerard

Une autre précaution VITALE: si vous êtes comme moi un "randonneur-pêcheur" et aimez donner qqes coups de ligne en torrent ou en lac au hasard de votre chemin; doublez votre attention aux orages!! en effet, les cannes actuelles en carbone sont TRES CONDUCTRICES!! presque comme du métal!! ne transformez pas votre plaisir en risque mortel!! j'ai été témoin d'un accident dans la vallée du Lys vers Luchon/Superbagnères ou un inconscient fut tué par un coup direct sur la canne!! Alors, si ça vire a l'orage, même si les truites sont actives; n'attendez pas!! pliez le matos et allez vous en!!… Lire la suite »

philippe guerard

Je vous donnes une petite explication concernant les bruissements annonciateurs d'un coup de foudre: considérez que la terre est a un "potentiel 0" seul le champ électrique terrestre persiste a une valeur d'environ 50V/m. Lors de la formation d'un cumulonimbus, le champ electrique augmente considérablement, la Terre se "polarise" comme un condensateur et ce de manière inverse a la polarité du nuage, celui ci étant généralement négatif la terre se polarise +! en dessous du cumulo le champ atteint 150v/m et plus!! donc des micro-décharges se produisent par les points élevés, les buissons..rochers...herbes...et c'est ceci que vous entendez!! ces micro… Lire la suite »

Isère Rando est un blog personnel créé en 2009. L’idée de base était simplement de partager mes photos lors de mes sorties en montagne.

Depuis, le blog a évolué : à chacune de mes sorties, j’écris un topo pour aider les randonneurs à découvrir nos montagnes. De nombreux articles sont aussi à disposition pour vous conseiller.

Je vous souhaite une bonne visite ! Alan.
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