Ce matin il n'y a pas humidité sur la toile de tente, c'est la première fois en 15 jours. On sent que le climat est plus sec ici.
La descente sur Névache est rapide, nous quittons le GR 5 pour prendre sa variante, le GR 5C, qui, au lieu de faire un détour par l'Est, fonce droit sur Briançon par les crêtes. Il faut traverser le village, puis nous montons sur le versant d'en face. Il y a un très beau spot de bivouac juste après la traversée de la Clarée, avec une table en bois. La montée débute tranquillement en forêt, puis la pente se redresse fortement et nous avalons du dénivelé rapidement. Puis, une traversée vers l'Ouest nous amène dans un très beau coin, avec plein de petits ruisseaux, dont le ruisseau de Cristol. Encore un petit effort et nous sortons de la forêt juste avant le magnifique Lac de Cristol, où nous faisons une pause. Le Lac Rond, qui est légèrement au dessus, est à sec, impressionnant !
Dans la montée aux Portes de Cristol, nous rencontrons un randonneur qui fais un Tour du Mont Thabor, il dort en refuge. Nous lui expliquons notre projet et il semble fasciné par la traversée que l'on a entrepris en autonomie. Nous répondons avec grand plaisir à ses nombreuses questions, et je crois que nous l'avons bien motivé pour qu'il réalise à son tour un grand trek comme celui-là ! Nous adorons transmettre notre envie et notre expérience à ceux qui rêvent de faire un grand périple, si on peut les motiver à se lancer !
Entre les Portes de Cristol et le Col du Granon, il faut suivre une longue piste plate, reposante mais un peu monotone. Puis, il faut rejoindre la Crête de Peyrolle par une montée courte mais raide. La crête, longue et exposée, doit nous faire descendre directement sur Briançon.
Seulement voilà, il y a de gros nuages noirs à l'ouest, vers les Ecrins. Au fur et à mesure de notre progression, je les surveille et il n'y a pas de doutes : ils foncent dans notre direction ! Que faire ? Nous sommes en plein milieu des crêtes, ça ne sert a rien de rebrousser chemin, autant continuer et rejoindre le plus vite possible Briançon. Nous croisons deux autres randonneurs qui viennent dans l'autre sens et qui sont un peu paniqués. Nous échangeons quelques mots rapides, je lui demande s'il y a un abri ou un échappatoire, et le temps qu'il reste avant que le sentier redescende.
Je ne suis pas rassuré, je vois les nuages se rapprocher à grande vitesse, et pas question d'être encore sur la crête quand l'orage sera au dessus de nous ! J'ai l'impression que la masse nuageuse se dirige plutôt sur Briançon et pas directement sur nous mais je préfère assurer et perdre de l'altitude le plus vite possible.
Enfin, ça commence à descendre, mais le sentier est exposé, il vaut mieux assurer ses pas pour ne pas tomber. Un peu plus bas, on trouve une ancienne bâtisse. Cette fois c'est bon, on peut rentrer et s'arrêter, on est en sécurité. On en profite pour laisser une trace de notre passage sur le mur, ça à l'air d'être une habitude ici (voir photo).
La descente sur Briançon est un peu longuette mais l'arrivée sur la Cité Vauban, la vieille ville fortifiée, est très sympathique. Les personnes attablés en terrasse nous regardent passer comme si on était des extraterrestres, mais bon on a l'habitude. Nous allons faire quelques courses en ville, puis nous partons vers le sud en marchant sur la route jusqu'à Villar-St-Pancrace, pour retrouver le GR. On pensait pouvoir poser la tente dans le coin, mais on ne trouve rien. On est vraiment épuisés tous les deux, et pourtant, il faut continuer sur une piste interminable pour trouver enfin un bivouac sous les Chalets des Ayes, à coté du torrent. Il est déjà 20h et il fait presque nuit. Je regarde ma montre : 35 km, 12h30 de marche, et 1791 m de dénivelé ! Pas étonnant qu'on soit crevé, c'est notre plus longue journée depuis le début de notre trek.
Tente, douche, repas, et on va au dodo rapidement !